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IAIDO

 

 

 


L'art de dégainer un sabre et de couper du même geste.

Étude des katas de la Musô Shinden Ryû.

Étude de Tôyama Ryû en vue d'une inititiation à la coupe de cibles…

 


On attribue la naissance du Iai à Hayashizaki-Jinno-Suke Shigenobu. On ne connaît que peu de choses concernant le détail de sa vie si ce n'est qu'il possédait une forte érudition en matière d'arts martiaux et qu'il effectua deux tours du Japon (musha-shugyo). C'est d'ailleurs au cours du deuxième tour que l'on perd complètement sa trace, vers 1616. L'iai se développa et s'enrichit techniquement au fil du temps, mais c'est véritablement avec le 18ème soke (chef), Nakayama Hakudo, que l'iai prend sa forme définitive dans l'école Musô Shinden Ryû et qu'il devient dès lors un "dô". C'est actuellement l'école la plus populaire du Japon pour sa pureté, son dépouillement et sa simplicité.

De l'art de tuer à l'art de vivre

Ce n'est qu'au 20e siècle que l'on commença à utiliser le terme "Iaïdo" et que cet art fut considéré comme une discipline spécifique au sein des autres Budo. Jusqu'alors les termes les plus couramment utilisés étaient Iaïjutsu ou Batto-Jutsu. La différence est essentielle. En Iaïjutsu prime l'efficacité combative; en Iaïdo c'est le développement spirituel et moral qui prend une place prépondérante. Dans son ouvrage sur le Tenshin Shoden Katori Shinto Ryu, Otake Risuke donne du Iaïjutsu la définition suivante: "C'est un art avec lequel on tue un ennemi". Beaucoup de pratiquants ignorent aujourd'hui cette origine et se contentent d'exécuter des "figures" esthétiques mais trop souvent vides ou, le cas échéant, se donnent l'illusion de reproduire les techniques mêmes utilisées par le Bushi d'autrefois Samouraï").

Le Budo envisagé comme "discipline" spirituelle, possédant par-là même des "fins plus élevées" que le Bu-Jutsu, et tolérant - voire encourageant - une certaine inaptitude pratique, est le résultat non seulement d'une compréhension insuffisante, mais peut-être même d'une simple ignorance intentionnellement dissimulée tant par le pratiquant que par l'enseignant. Il n'y a ni contradiction ni opposition entre Jutsu et Do.

Ceux qui créèrent le Iaïdo pensaient que le sabre et l'art de le tirer pouvaient être à l'origine d'un développement spirituel de l'homme. C'est ainsi que la conception de Seishin Tanren ("la forge de l'esprit") introduit une situation où les méthodes techniques nécessaires à l'éveil spirituel de l'individu ne sont pas toujours totalement identiques à celles dictées par le besoin d'efficacité combative. Le pratiquant de Iaïdo doit donc réunir en lui, à travers une compréhension juste, deux aspects apparemment contradictoires de cet art: moyen pour éliminer l'adversaire, moyen au service d'un éveil spirituel. La conception originelle de cette discipline ne saurait être ignorée sous prétexte de croire que la voie vers l'éveil spirituel semble opposée aux techniques brutales nécessaires pour éliminer un adversaire réel.

 

D'après le livre de Malcolm T. Shewan, Iai, l'art du sabre japonais, © éd. F.E.I. Cannes 1983

 

L'HISTOIRE DU SEITEI IAI

 

 

Après la mort de Oe Masamichi Shikei (17ème Chef de l'école Muso Jikiden Eishin Ryu) en 1927 Nakayama Hakudô (l'élève de Shikei) occupa d'avantange le devant de la scène en tant que maître de l'art de dégainer le sabre. Cet art, appelé battô-jutsu ou iai-jutsu, tomba sous la domination du Dai Nippon Butokai (Association des vertus martiales du Grand Japon), qui, depuis l'époque de sa fondation (1895), avait assuré la direction d'une sélection de diciplines martiales classiques. Après la défaite du Japon pendant la deuxième guerre mondiale (1945), et avec la levée par les Puissances Alliées de l'interdiction de pratiquer les disciplines martiales (1947), on donna progressivement un nouveau style, nommé iai-dô, à quelques formes de iai-jutsu. Ces quelques formes de Iai-dô furent liéés à la Zen Nippon Kendô Remmei (La Fédération de Kendô de l'ensemble du Japon).

Les officiels de la Fédération de Kendô de l'ensemble du Japon eurent la douloureuse conscience que la majorité des pratiquants de kendô s'adonnaient au kendô d'après-guerre en tant que sport et n'étaient donc expérimentés que dans le maniement du shinai, instrument droit, extrêmement léger, fait de sections de bambous assemblées de manière tubulaire. Puisque le shinai n'est pas un sabre, (il ne s'en approche même pas), sa morphologie et sa dynamique ne peuvent conférer à son utilisateur ni les bases fondamentales de la technique du sabre, ni la réalité du sabre.. Ainsi, ni le shinai, ni les techniques de kendô ne sont fortement reliés à la réalité du combat, shinken shôbu. Le shinai permet l'utilisation de nombreuses techniques qui sont impossibles à exécuter avec un sabre. Donc les officiels de la fédération eurent le sentiment que le kendô moderne (shinai kendô) ne réussissait pas à être la "Voie du sabre", comme l'implique explicitement le nom même de la discipline.

Par conséquent, les officiels de la fédération recherchèrent les moyens de remédier à cette situtation indésirable (1966). Pour que les pratiquants de kendô puissent être mieux à même de comprendre la véritable essence de la "voie du sabre", on nomma onze experts hauts gradé en escrime, sous la direction d'Ôtani Kazuo, afin qu'ils constituent un comité (1967) qui ferait l'indispensable étude préliminaire, pour que soient désignées les techniques spécifiques de dégainement du sabre pouvant convenir à tous les pratiquants de kendô moderne. Le comité conclut que l'essence de l'art du dégainement du sabre repose sur le shinken et que cinq méthodes principales d'utilisation du sabre déterminent l'issue finale: (1) un coup horizontal qui suit immédiatement le dégainement du sabre, (2) un coup décisif du sommet du crâne vers le bas, (3) des coups en diagonale depuis la droite et depuis la gauche, (4) des coups fait d'une succession d'aller-retours, (5) des coups d'estoc. Sept techniques seraient adaptées à l'expression des cinq méthodes énumérées d'utilisation du vrai sabre: trois techniques à exécuter depuis la posture assise sur les genoux (seiza), une depuis la posture agenouillée avec un genou levé (iai-hiza), et trois depuis la station debout (tachi iai).

Un sous-comité composé de six parmi les onze membres fondateurs du comité de 1967 formulèrent les techniques précises de dégainement du sabre dans le but d'élaborer un modèle national pour la fédération. Ces membres comprenaient Masaoka Kazumi, hanshi 9ème dan de la Musô Jikiden Eishin Ryû; Yamatsuta Jûkichi, hanshi 9ème dan de la Musô Shinden Ryû; Kamimoto Eiichi, hanshi 8ème dan de la Musô Shinden Ryû; Danzaki Tomoaki, hanshi 8ème dan de la Musô Shinden Ryû; et Sawayama Shûzô, kyôshi 8ème dan de la Hoki Ryû. Le sous-comité mit au point ce qu'on appelle le seitei-gata, sept formes représentatives au total, qui constituèrent les techniques de base originelles de l'art de dégainement du sabre de la Fédération de Kendô de l'ensemble du Japon. En même temps le sous-comité établit ce qui est demandé aux examens, aux passages aux différents grades supérieurs et l'obtention des licences d'enseignement du iai-dô. Tout fut prêt et devint opérationnel sur une échelle nationale en 1968, et le seitei-gata est devenu depuis lors le style de iai-dô le plus largement reconnu au Japon.

En 1977, en réaction aux critiques croissantes disant que le seitei iai n'était pas un programme d'étude adéquat grâce auquel les pratiquants de kendô pourraient apprendre l'escrime, la Fédération de Kendô de l'Ensemble du Japon désigna une nouvelle commission technique afin d'étudier ce problème. La commission était composée des membres suivants: Danzaki Tomoaki, hanshi 9ème dan de la Musô Shinden Ryû; Hashimoto Masatake, hanshi 9ème dan de la Musô Jikiden Eishin Ryû; Kamimoto Eiichi, hanshi 9ème dan de la Musô Shinden Ryû; Mitani Yoshisato, hanshi 8ème dan de la Musô Jikiden Eishin Ryû; Sawayama Shûzô, hanshi 8ème dan de la Hoki Ryû; Tsumaki Seirin, hanshi 8ème dan de la Tamiya Ryû; et Wada Hachirô, hanshi 8ème dan de la Musô Shinden Ryû.

Les découvertes de cette commission prirent forme au début de l'année 1980, date à laquelle la Fédération de Kendô de l'Ensemble du Japon annonça le développement de trois nouvelles techniques de dégainement du sabre et ordonna qu'elles soient rajoutées aux sept formes représentatives du iai-dô qui existaient déjà, ce qui fit un total de dix techniques. Dorénavant, ces trois nouvelles techniques devront être pratiquées et seront exigées aux examens des pratiquants de iai-dô tombant sous la jurisdiction de la fédération de kendô. Les trois techniques supplémentaires sont considérées comme étant la 8ème, 9ème et 10ème techniques des formes représentatives révisées (seitei-gata). Toutes trois sont exécutées depuis la station debout (tachi-iai).

L'iai-dô du seitei-gata de la Fédération de Kendô de l'Ensemble du Japon est très largement populaire et suivi par des pratiquants du Japon comme de l'étranger. Mais parallèle à ce développement du iai-dô, il existe celui de la Zen Nihon Iai-dô Remmei (la Fédération de Iai-dô de l'Ensemble du Japon), qui, depuis l'époque de sa fondation (1948), a accompli de nombreux travaux pour la promotion de l'art du dégainement du sabre. Cette dernière organisation a sa propre autonomie et des modèles pour l'iai-dô, sujet nourri et de grande importance qu'il faudra traiter une autre fois.

Ainsi les nombreuses centaines de ryû distinctes et leur nombre non communiaué de ryû-gi (styles) de l'art du dégainement du sabre n'ont pas contribué à la mise en forme du iai-dô. Le iai-jutsu existe aujourd'hui sous des formes classiques et modernes, mais l'une comme l'autre vont largement chacune son chemin. Alors que seules quelques formes classiques se sont réunies pour une grande part dans la quête commune de l'amélioration de l'homme dans la société, ce sont elles également qui continuent de préserver leur forme jutsu originelle. Quelles que soient les contributions qui furent faites par les pratiquants de l'art du dégainement du sabre, c'est l'essence intrinsèque du iai-dô qui confère de la valeur à leurs efforts, sans aucun doute.

 

 

Extrait et traduit du livre "Japanese Swordsmanship"

par Gordon Warner et Donn Draeger :

Chapitre 4 - "Iai-dô from the Meiji Era to the Present".